À LA RENCONTRE DE YANN COROLLOU, RÉGULATEUR DU TOUR DE BRETAGNE

Vêtu de sa combinaison orange, Yann Corollou est facilement reconnaissable dans le peloton du Tour de Bretagne. En tant que régulateur du Tour de Bretagne, il assure la sécurité des coureurs, des suiveurs et des spectateurs en s’occupant de la circulation des véhicules en course. Un rôle complémentaire à son activité de bénévole hors-course, où Yann suit de près le tracé du parcours des prochaines éditions et la relation avec les équipes. Rencontre avec un passionné de cyclisme, comptant parmi les plus fidèles bénévoles du Tour de Bretagne.

Comment a débuté ton histoire avec le Tour de Bretagne ?

C’est une histoire de filiation. Mon père et mes deux grand-pères étaient des dirigeants du vélo dans les clubs de Lannion et Perros-Guirec. Mon grand-père Emile Hélary a fait partie des créateurs de l’épreuve. Louis Fossani sur le bassin du Hinglé et Marcel Bouvier sur le bassin de Louvigné du Désert ont contacté mon grand-père sur le bassin de Perros-Guirec pour relier les 3 bassins granitiers. Le Ruban Granitier Breton était lancé. Personnellement, Je suis venu sur la course pour la 1ère fois en 1992, en simple spectateur. Puis en 1993, alors que mon père s’occupait de la permanence, j’ai aidé en apportant les classements édités à la presse écrite. J’y suis revenu chaque année au fil de mes possibilités, le week-end quand il n’y avait pas école. J’ai fait la course en entier pour la première fois en 1998. La course tombait pile pendant les vacances scolaires. J’avais à peine 14 ans et j’étais à la permanence. Je faisais tout ce qu’il y avait à faire, comme un mousse sur un bateau.

 

Pourquoi s’engager en tant que bénévole ? Qu’est-ce qui t’anime sur le Tour ?

 

Je ne me suis jamais vraiment posé la question du pourquoi. C’était naturel. J’ai toujours vu mon grand-père œuvrer bénévolement pour cette course. C’est une donnée essentielle le bénévolat, être utile et rencontrer des personnes de tous horizons. J’ai participé à un peu tous les postes en fonction de mes disponibilités, à la permanence, à l’intendance, ou dans la communication. Pour moi, l’important est d’être là, peu importe le poste, et de pousser tous ensemble pour que la course soit toujours reconnue comme l’une des épreuves les plus importantes du monde pour la détection des jeunes professionnels.

Quelles sont tes missions principales sur l’épreuve ?

Aujourd’hui je suis responsable de la sécurité du Tour de Bretagne. Avec la vitesse des coureurs qui augmente grâce au matériel, avec les aménagements urbains en augmentation, il fallait spécialiser cet aspect. Je travaille donc sur le parcours en amont de l’épreuve. L’équipe qui s’occupe de l’itinéraire me transmet les parcours repérés sur le terrain. Je crée alors le roadbook de la course et valide les horaires prévus en fonction des différentes contraintes (passages de trains, sorties d’écoles, diffusion télévisée, etc). Je m’occupe également de la cartographie globale de l’épreuve. Durant cette période hivernale, je suis aussi en relation avec les équipes. Nous recevons chaque année environ 70 demandes pour participer à la course. Le but est de proposer une course rude pour des coureurs en apprentissage avec des adversaires parfois coriaces et plus expérimentés, pas seulement entre espoirs. Enfin, sur la semaine de la course, je suis régulateur. Je m’occupe de la circulation des véhicules à l’échelon course afin de garantir la sécurité des coureurs, des suiveurs, et des spectateurs.

Si tu devais raconter une journée type ?

La journée commence par se rendre sur la zone départ aux environs de l’heure d’ouverture du village départ. Ayant une vue globale des installations de départ, je participe à ce que les équipes qui se stationnent puissent évacuer la zone le plus facilement possible dès le départ donné. J’ai alors souvent un moment plus calme dont je profite pour faire le tour de toutes les équipes afin de voir s’ils n’ont aucune difficulté particulière dans leurs hébergements. Ensuite, quelques minutes avant le départ, je monte sur la moto pilotée par un motard expérimenté qui connaît parfaitement la course. C’est important afin de pouvoir anticiper toutes les difficultés. Durant la course, j’organise la circulation des véhicules en les autorisant à doubler les coureurs à certains endroits. J’avertis des dangers qui peuvent se présenter sur la route. Enfin, après la course, je débriefe de l’étape passée avec les commissaires et je prépare avec la Garde Républicaine l’étape du lendemain pour anticiper les difficultés particulières du jour.

 

Quelle est l’importance de la pédagogie dans ton rôle de régulateur ?
Il faut comprendre que chaque acteur de la course a son rôle à jouer. Les journalistes veulent être au plus près des coureurs pour commenter. Les directeurs sportifs veulent être au plus près de leurs coureurs pour donner leurs directives puisqu’il n’y a pas d’oreillettes. Les invités veulent être au plus près des coureurs pour se faire de beaux souvenirs. Il faut savoir prioriser en fonction des circonstances de course. Il faut que tout le monde puisse avoir ce qu’il veut à un moment donné tout en restant ferme. L’important est que tout le monde prenne du plaisir sur la course, tout en garantissant la sécurité de tous qui doit rester au dessus de toute préoccupation.


Quel est ton rapport au cyclisme ?

J’aime le vélo et j’en ai fait en compétition jusqu’à 25 ans environ, à tout petit niveau. Je suis les infos du vélo mais je ne suis pas un fanatique absolu. Ce que j’aime dans le Tour de Bretagne, c’est de voir les jeunes proposer une course totalement débridée à l’encontre de ce qui se fait dans le cyclisme pro. Je sais aussi que beaucoup de bénévoles du Tour de Bretagne sont là simplement pour aider et ne connaissent absolument pas les coureurs. Je pense que ce qui fait le bon mélange, c’est que chacun aime ce qu’il fait et y trouve son compte, peu importe si on aime le vélo ou pas.

As-tu un coureur préféré ? 

Cela peut paraître étrange mais il s’agit d’Adrien Costa. Il a gagné le Tour de Bretagne en 2016 et en est le plus jeune vainqueur. Il a arrêté le vélo ensuite avant de passer pro car il a tout simplement voulu profiter de la vie sans s’enfermer dans le milieu du cyclisme qu’il trouvait oppressant. Il a eu un accident en montagne au cours duquel il a perdu une jambe. C’est quelqu’un qui, alors qu’il avait 18 ans, avait un discours particulièrement détaché et inspirant. Il m’inspire toujours par son comportement aujourd’hui.

 

Un mot sur l’ambiance générale sur l’épreuve ?

Un seul mot ? Sympa. Les problèmes ont été anticipés depuis plusieurs semaines mais on sait très bien qu’il y en aura d’autres au tout dernier moment. Pourtant, tout le monde est à son poste dans la bonne humeur, avec sympathie.

 

Si tu devais garder un seul souvenir du Tour de Bretagne, quel serait-il ?

Ce n’est pas en course mais en dehors, ce sont plusieurs moments. C’était être avec mon grand-père quand il organisait tout ce barnum et qu’il m’en enseignait les ficelles.