Mais c’est bien sur le terrain que l’on détecte les talents de demain. Ceux que l’on sent capables de grands exploits, face à l’adversité, face aux éléments. Le virtuel ne remplacera jamais les légendes d’un Liège-Bastogne-Liège enneigé ou d’un Paris-Roubaix pluvieux, les histoires d’un coup de vent mal venu au détour d’un rond-point ou d’une coulée de boue dans la descente d’un col. C’est ainsi que tous les espoirs des jeunes coureurs se trouvent concentrés en un calendrier raccourci, voire étriqué de 3 mois afin de démontrer toute l’étendue de leur potentiel. « Tous nos coureurs ont l’ambition de devenir pro. Et dans l’académie, nous sommes focalisés là–dessus, sur le fait de continuer à développer nos coureurs, même si il y a moins de courses. Les coureurs savent qu’en plus de la course, il y a beaucoup de points sur lesquels travailler. En temps normal, le calendrier de courses ne laisse pas vraiment le temps de travailler ses faiblesses. Le confinement a permis de travailler sur ces faiblesses justement. Le calendrier va se jouer sur 2-3 mois sans aucun repos, nous avons donc posé les fondations pour que les coureurs restent tous à un haut niveau pendant cette période. »
Il existe bien sûr une réelle inquiétude que la situation ne laisse sur le carreau de bons espoirs. Les équipes souhaiteront-elles prendre des risques en faisant signer certains jeunes ou se concentreront-elles sur des valeurs sûres ? La vision économique de la situation peut faire peur et la santé budgétaire de certaines formations majeures pourrait ne pas inciter à la prise de risque. Certaines voix, en France et en Italie notamment, se sont déjà élevées afin de demander à l’UCI de prolonger les espoirs dernière année d’un an. « Chez SEG Racing, nous supportons cette idée de garder les espoirs une année supplémentaire à cause des circonstances, car ils n’auront pas beaucoup de courses pour s’exprimer. Nous pensons également qu’il serait bon que les juniors 2 de cette année puissent avoir quelques événements supplémentaires de la Coupe des Nations l’année prochaine avec les coureurs actuels de première année U23 afin qu’ils aient la chance de se montrer. »
La réalité économique pourrait tout de même mettre en difficulté bon nombre de coureurs et d’équipes en fin d’année. « Il y a 3 manières de voir les choses : 1-Effectivement il y aura moins de places chez les pros pour les espoirs, tout simplement parce qu’il y aura moins d’équipes. 2-Dans le même temps, des équipes intelligentes pourraient utiliser la situation pour faire signer assez vite de jeunes talents qui devraient avoir normalement de bons résultats et prendre ainsi une place dans le top 5 des équipes du World Tour. 3-Enfin, un néo-pro coûte moins cher qu’un coureur expérimenté. Les équipes qui subissent des coupes budgétaires pourraient alors se concentrer sur des espoirs. Nous espérons tout de même que certains coureurs seront pris comme stagiaires au sein des grandes formations mais il y a beaucoup de risques que des courses soient encore annulées et nous n’avons pas beaucoup de visibilité en ce moment pour savoir quelle équipe prendra des stagiaires.
Les courses reprennent peu à peu en Europe mais pas encore dans le reste du monde. Le 1er Août signera le lancement de cette 2ème saison 2020 avec les Strade Bianche en Italie. Un symbole pour ce pays si durement touché et si passionné de vélo. Certains coureurs n’ont pas eu encore l’occasion de courir et rongent leurs freins depuis la fin de la saison dernière. D’autres ont déjà gagné et se sont retrouvés coupés dans leur élan. Tous auront en tout cas l’envie de briller à des niveaux plus relevés et condensés qu’à l’accoutumée dans toutes les catégories.
Chez SEG Racing, on reste optimiste. « 2020 ne sera pas une année blanche. Les espoirs qui ont réussi à développer leurs qualités en utilisant la situation de manière intelligente feront une bonne année et seront de bons professionnels.»